Visuel de l’exposition Thickness of the air de mountaincutters, vue de détails de l’installation de mountaincutters : Mais, la présence aux mondes, Kanal-Horst, 2022, photo et courtesy de mountaincutters

Artiste : mountaincutters / Commissaire : Éric Degoutte

Se faisant le prolongement du cycle de programmation pluriannuel intitulé Nos Maisons Apparentées, initié en octobre 2023, le Centre d’art contemporain vous invite à découvrir la nouvelle saison 8bis au fil des prochains mois. À l’image du projet artistique et culturel des Tanneries, les espaces d’exposition se font, à nouveau et tout à la fois, lieu de fabrique, lieu d’émergence d’un geste artistique mis à l’épreuve de l’architecture, lieux habités comme autant de « maisons » partagées accueillant toutes les formes de rencontres entre les artistes et les publics.

Une riche programmation débute donc dès le samedi 19 octobre à 14h30 avec le vernissage de l’exposition Thickness of the air de mountaincutters (Verrière et Petite Galerie), et l’exposition monographique Tableaux manquants de Bruno Rousselot visible dans la Galerie Haute. Ces nouvelles expositions côtoieront l’exposition Richard Long, de pierres (commissariat de Bénédicte Ramade), présentée dans la Grande Halle depuis juin dernier, et jusqu’au 3 novembre prochain.

mountaincutters vit et travaille à Bruxelles. Formé il y a dix ans, ce collectif d’artistes-sculpteurs crée des installations plurielles aux contours indéterminés, proliférant de formes, d’objets et de matières. Explorant une pratique pluridisciplinaire à travers l’installation, la sculpture, le dessin, la peinture ou encore la photographie et l’écriture, mountaincutters s’appuie sur les qualités formelles et symboliques de matériaux organiques tels que le kakishibu, la terre, l’argile, la céramique, le verre ou encore l’acier et le cuivre. Leurs créations in situ témoignent d’une attention aigüe et renouvelée portée à chacun des lieux d’exposition investis, à la nature des espaces autant qu’à la qualité de leurs matériaux. mountaincutters se réfère ainsi à la théorie soutenue par Tim Ingold, qui souligne l’interdépendance de l’organisme et de son environnement, au cœur duquel toute chose se détermine.

Ainsi, au cœur de la Verrière, l’œuvre Mais, la présence aux mondes a été repensée et remise en perspective avec l’aide financière et technique du centre d’art contemporain s’impliquant fortement dans la production de nouvelles formes artistiques.

Résultat d’un processus créatif toujours en cours et en mouvement, indissociable de cette attention portée par mountaincutters à l’esprit des lieux, cette oeuvre réalisée/ajustée in situ, reflète un ensemble de trajectoires en verre soufflé, qui, séquencés et reliés, invitent à ressentir un invisible autant qu’à percevoir la présence silencieuse et subtile d’un souffle originel, à la fois individuel et partagé, poétique et politique.

Suspendue par des fils de cuivres aux qualités conductrices, cette installation radicale aux allures flottantes traduit une mise en tension et travaille une porosité entre intérieur et extérieur(1). Au sein de la Verrière, espace où toute une vie tant intérieure qu’extérieure se situe et s’immisce, de la même façon que le souffle s’incarne au sein de ce réceptacle longiligne en verre, de nouvelles fictions émergent. Se transformant au fil des jours et des saisons, aux grés des jeux de lumières et des phénomènes météorologiques (brouillard, brume, ruissellements…), la Verrière, espace changeant, frémissant et poétique, se fera l’abri de nouvelles narrations. Du même coup, l’installation qui y prend place investit le champ de la couleur, donnant à voir de nouvelles tonalités ambrées, celui aussi des atmosphères changeantes, écho d’une respiration de saison, de l’automne à l’hiver, que l’exposition verra s’opérer. Laissant libre cours aux apparentements de couleurs, de formes et de matériaux, les lignes graphiques de cette œuvre sculptent l’espace et soulignent l’architecture des lieux, celle d’un geste premier initié en 1947 répondant aux usages industriels attendus, par la suite sans cesse remis en jeu, et tout particulièrement et exceptionnellement rendu visible depuis 2016, au cœur du projet artistique et culturel des Tanneries.

Au sein de la Petite Galerie, pourra être découvert le processus de recherche et d’expérimentation continu qui caractérise la démarche artistique des mountaincutters. Cet espace d’exposition donne corps à une diversité de compositions(2), à la fois présences diffuses et territoire poétique, fragile et vivant où dialoguent sculptures, images, temps passé, présent et futur(3). Les œuvres exposées rassemblent des matériaux industriels et organiques tels que l’acier et le takishibu, ainsi que des images mystérieuses à caractère scientifique, reflétant l’intérêt des artistes pour le vivant, sa fragilité autant que sa singulière beauté. C’est ainsi que le duo d’artistes dévoile de poétiques sculptures en verre qui illustrent le caractère universel de cet air partagé par tous les êtres, y compris les espèces qui nous semblent les plus vulnérables(4). Donnant à voir une forme de laboratoire, un esprit en mouvement autant qu’un processus de transformation, cette seconde partie de l’exposition travaille des enjeux de mémoire, d’archive et de care (soin en anglais), d’attention portée à l’Autre. Cette archéologie d’images et de matériaux de mountaincutters révèle les recherches préalables qui sous-tendent chacune de leurs installations et nous offrent de nouvelles clés d’entrées au cœur de leur approche artistique.

À travers ces apparentements de formes, de matières et de fictions qui fondent l’exposition Thickness of the air, mountaincutters sonde les innombrables épaisseurs de ce souffle partagé et nous invite à interroger notre rapport à l’environnement, à l’altérité et à reconsidérer notre façon d’appréhender le monde.

 

(1) Une approche qui n’est pas sans rappeler celle de Marco Godinho au sein de son exposition Un vent permanent à l’intérieur de nous (28 octobre 2023 – 21 janvier 2024). Un écho particulièrement prégnant avec l’œuvre Oblivion (Water) de Marco Godinho dont le contenant était une jarre en verre soufflé.

(2) Ce jeu pictural n’est pas sans rappeler celui de Bruno Rousselot au sein de l’exposition Tableaux manquants qui présente une peinture abstraite dont les formes et les couleurs s’apparentent les unes aux autres. Une approche formelle commune à mountaincutters, à travers un processus d’assemblage, d’accumulation et de superpositions suscitant un ensemble de curiosités.

(3) Cette démarche formelle de basculement temporel se retrouve également chez Fabien Giraud et Raphaël Siboni, à travers un travail de montage et d’accumulation de séquences vidéographiques, à découvrir à compter du 30 novembre 2024 au sein de l’exposition The Unmanned (Grande Halle).

(4) L’installation visible dans la Petite Galerie dévoilera des poumons d’amphibiens sculptés en verre.

 

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VERNISSAGE SAMEDI 19 OCTOBRE 2024 DÈS 14H30

 

>> NAVETTE GRATUITE PARIS < > LES TANNERIES
Aller : départ de Paris, 5 avenue Porte d’Orléans, à proximité de la statue du Général Leclerc, à 13h
Retour : départ depuis Les Tanneries à 19h

>> NAVETTE GRATUITE GARE DE MONTARGIS < > LES TANNERIES
Aller : départ depuis la gare de Montargis à 15h15 (en lien avec le TER au départ de Paris-Bercy à 14h11 < > arrivée Gare de Montargis à 15h08)
Retour : départ depuis Les Tanneries à 19h (en lien avec le TER Gare de Montargis, départ 19h50 < > Gare de Paris-Bercy, arrivée 20h49)

Inscription aux navettes obligatoire avant le 18 octobre 2024. Pour réserver une ou plusieurs places, veuillez communiquer votre nom et numéro de téléphone par mail ou par téléphone : contact-tanneries@amilly45.fr / 02.38.85.28.50

 

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Les artistes programmé.e.s au fil de la saison #8bis – Nos maisons apparentées 

Cycle 1
19 octobre 2024 : Inauguration de la seconde saison artistique d’un cycle de programmation de trois années intitulé Nos maisons apparentées
*Exposition Tableaux manquants de Bruno Rousselot, Galerie Haute, jusqu’au 22 décembre 2024.
*Exposition Thickness of the air de mountaincutters, Verrière et Petite Galerie, jusqu’au 19 janvier 2025.
*Exposition Richard Long, de pierres, un commissariat de Bénédicte Ramade, jusqu’au 3 novembre 2024 (visible depuis juin 2024).
30 novembre 2024
*Exposition The Unmanned de Fabien Giraud & Raphaël Siboni, Grande Halle, jusqu’au 20 avril 2025.

Cycle 2
18 janvier 2025
*Exposition Voyages en kaléïdoscope d’Érik Bullot, Galerie Haute, jusqu’au 27 avril 2025.
*Un cycle de projections déterminé par Érik Bullot se tiendra chaque week-end, entre le 25 janvier et le 9 février en Petite Galerie.
1er mars 2025 (sous réserve)
*Exposition (Y)OUR SONG de Julie Chaffort dans le cadre de sa résidence territoriale initiée en septembre 2024, Verrière et Petite Galerie, visible jusqu’au 27 avril 2025.

Cycle 3
7 juin 2025 (sous réserve)
*Exposition A Family of Rooms de Vincent Barré, visible jusqu’en septembre 2025.
Cette exposition regroupera des œuvres de collections privées et publiques d’artistes ayant une grande importance dans la parcours de l’artiste (sous réserve : Simon Hantaï, Jean Arp, Alberto Giacometti, Stanislas Kolibal, Josef Beuys, Carl André, Edouardo Chillida, Richard Deacon, Toni Grand, Robert le Ricolais, Judith Reigl, James Bishop, Pierrette Bloch, François Bouillon, Roger Blin, Geneviève Asse, Jean Prouvé, Daniel Boudinet), Grande Halle et Galerie Haute. Des artistes, élèves de Vincent Barré, (Antoine Nessi, Blandine Brière, Tsama Do Paço, Bertille bak, Julien Laforge, Marc Herblin, Matthieu Pillaud, Gabrielle Conilh de Beyssac, Pierre-Alexandre Rémy) seront aussi présenté.es, Verrière et Petite Galerie.

21 et 22 juin 2025 (sous réserve)
* Les (F)estivales 20245 week-end estival de rencontres artistiques, de performances, de concerts et de projections.

 

Cette saison 8bis sera ponctuée, comme les saisons précédentes, de rencontres avec les habitants du territoire Loirétain, traduisant l’engagement du Centre d’art contemporain d’intérêt national à être impliqué fortement sur son territoire. Pour cela le Centre d’art contemporain accueille Julie Chaffort en résidence territoriale et Alex Balgiu en résidence d’auteur dès à présent. Dans le rapport de proximité permis par ces dispositifs, tous deux interrogeront tour à tour les façons d’habiter nos espaces de vie à travers des temps croisés de création et de pensée.