Richard Long,
Richard Long, de pierres,
Vue de l’exposition,
De gauche à droite :
White Rock Line, 1990, Remade 2014-2024,
© Collection CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux ;
Cornish Slate Ring, 1984,
© Collection FRAC Bourgogne ;
Saint Just Line, 1986,
© Paris Musée / Musée d’Art moderne,
Grande Halle,
© Photo Aurélien Mole
© Richard Long, ADAGP, Paris, 2024

Richard Long,
Richard Long, de pierres,
Vue de l’exposition,
Du premier à l’arrière plan :
White Rock Line, 1990, Remade 2014-2024
© Collection CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux ;
Saint Just Line, 1986,
© Paris Musée / Musée d’Art moderne ;
Cornish Slate Ring, 1984,
© Collection FRAC Bourgogne,
Grande Halle,
© Photo Aurélien Mole
© Richard Long, ADAGP, Paris, 2024

Richard Long,
Richard Long, de pierres,
Vue de l’exposition,
De gauche à droite :
White Rock Line, 1990, Remade 2014-2024,
© Collection CAPC musée d’art contemporain de Bordeaux ;
Cornish Slate Ring, 1984,
© Collection FRAC Bourgogne ;
Saint Just Line, 1986,
© Paris Musée / Musée d’Art moderne,
Grande Halle,
© Photo Aurélien Mole
© Richard Long, ADAGP, Paris, 2024

À l’aube du dernier cycle de sa huitième saison artistique intitulée Nos maisons apparentées, le Centre d’art contemporain – Les Tanneries se fait le refuge d’expériences intimes, par lesquelles les gestes artistiques dialoguent avec la nature, se connectent aux paysages, se mêlent aux écosystèmes, portant une attention particulière aux bruits du monde et révélant l’infinité des espaces environnants.

Maisons habitées d’éléments à la fois naturels et artificiels, collectés, assemblés et glanés, Les Tanneries donnent à voir des passages fantomatiques, des trajectoires impalpables, à percevoir et à éprouver. À l’image d’un journal de bord, griffonné de récits parfois tourmentés, désenchantés, mais aussi optimistes et radieux, l’étage des Tanneries accueille l’exposition A Long Way de Lydie Jean-Dit-Pannel (8 novembre – 15 septembre 2024) et avec elle, les traces du périple de l’artiste vers Nowhere – Nulle Part – en Oklahoma. Deux marches, menées en miroir à quelques mois d’intervalle, conduisant inévitablement l’artiste vers cette même destination. Une errance aux allures post-apocalyptiques à la fois joyeuse et nostalgique, symbolisant un renouveau, une renaissance – voire une disparition.

L’étage du Centre d’art se pare ainsi de collections compulsives aux formes plurielles, de cartographies symboliques, de photographies mémorielles et d’amoncellement d’objets familiers, mis en regard par la commissaire d’exposition Bénédicte Ramade[1], spécialiste en art écologique, avec les sculptures de Richard Long se déployant dans l’espace de la Grande halle, au cœur de l’exposition intitulée Richard Long, de pierres (8 juin 2024 – 3 novembre 2024) réalisée grâce aux prêts d’œuvres issues de grandes collections publiques (Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris, CAPC Musée d’art contemporain de Bordeaux et FRAC Bourgogne).

Un dialogue prend forme entre ces deux artistes singuliers qui font de la marche un art à part entière, habitant à la fois les espaces extérieurs et intérieurs, mettant en lumière la singularité des lieux traversés.

En prolongement de son exposition, Lydie Jean-Dit-Pannel propose une programmation intitulée Sans armure (8 juin – 15 septembre 2024), série d’œuvres vidéographiques d’artistes, Jade Jouvin, Nicolas Laura Graff, Héloïse Roueau et User Unknown, auprès desquels elle a enseigné à l’École Nationale Supérieure d’Art de Dijon.

[1] Bénédicte Ramade est historienne de l’art spécialisée dans les pratiques artistiques en lien avec les enjeux environnementaux et écologiques depuis la fin des années 1990. Son ouvrage Vers un art anthropocène. L’art écologique américain pour prototype paru en 2022 aux Presses du réel, actualisation de son doctorat réalisé en esthétique et histoire de l’art à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, a été finaliste du prix Pierre Daix du livre d’histoire de l’art en 2023. Le prix d’excellence en recherche et en recherche-création pour les personnes chargées de cours de la Faculté des arts de l’UQAM, Montréal, lui a été décerné en 2024 pour ses recherches sur l’anthropocénisation des savoirs et des pratiques artistiques, la diversité botanique et les études animales.

Dans sa pratiques curatoriale, elle a mis en espace les interrogations et découvertes faites au cours de ses recherches : Acclimatation (Villa Arson, Nice, 2009-2010) ; Rehab, L’art de refaire (Fondation EDF, Paris, 2010-2011), The Edge of the Earth. Climate Change in Photography and Video (Image Centre, UMT, Toronto, 2016) ; Apparaître-Disparaître (Fondation Grantham pour l’Art et l’environnement, Saint-Edmond-de-Grantham, QC, 2019) ; Temps longs, (Galerie de l’UQAM, 2021).

Elle est chercheure associée à la Chaire CREAT (Université de Montréal), au CELAT et à FIGURA (UQAM) et chargée de cours dans ces deux universités. Elle vit et travaille à Montréal, Canada.

 

 

Texte écrit par la commissaire d’exposition Bénédicte Ramade dans le cadre de l’exposition Richard Long, de pierres, visible dans la Grande Halle

La première marche de Richard Long, A Line Made by Walking (1967) fut résumée par une seule image : celle de la trace éphémère d’un passage répété dans l’herbe grasse. L’histoire de l’art en a fait la pierre angulaire du land art britannique, même si l’artiste n’aime pas cette étiquette. Pendant un mois, Lydie Jean-Dit-Pannel tracera semblable ligne dans l’herbe du parc des Tanneries. Elle effectuera ce geste impératif sur la nature qui ne laisse toutefois pas de cicatrice durable, à l’image de l’art de Long traçant sa route dans des paysages toujours vides d’humains, suivant des protocoles rigides (kilométrage fixe, durée imposée, ligne tirée arbitrairement sur une carte, etc.) sans altérer les lieux.

Au fil de ses marches performatives toujours réduites à un seul objet (image, carte, texte), Long a ressenti le besoin de marquer autrement sa présence. De pierres a choisi de montrer une de ses manières d’exposer sa relation aux temps géologiques : des sculptures constituées de pierres de carrière. L’une d’entre elles n’avait jamais quitté le lieu pour lequel elle avait été créée en 1990, le Capc de Bordeaux, une œuvre mythique à laquelle Lydie Jean-Dit-Pannel répond à l’étage par un hommage sombre, A Long Way. Fruit d’une collecte de déchets strictement noirs, elle lui a donné la forme de White Rock Line (1990) dont les 40 mètres sont, quant à eux, formés par dix-huit tonnes de moellons de calcaire blanc.

À cette droite d’anthologie répondent un anneau en ardoise de Cornouailles (Cornish Slate Ring, 1984) et un alignement de 9 mètres en schiste rouge, extrait des sols bretons (Saint-Just Line, 1986), des formes simples qui traversent les civilisations et les âges.

Avec ces sculptures, il s’agit moins de parler de nature que de temps géologiques longs, d’histoires du terrestre dans lesquelles l’humanité n’est plus qu’un détail à une époque, la nôtre, qui s’appelle l’Anthropocène, où nous sommes une force de perturbation profonde du vivant. Dans la hiérarchie naturelle telle qu’elle a été ordonnée au fil des siècles, les pierres sont immortelles, elles ne meurent pas.

Penser à elles, à la vie des pierres, à leur genèse, leur transformation et leur ancienneté, c’est relativiser notre place au monde, se reconnecter avec le rythme sourd de la Terre, penser au-delà de soi et écouter ce que les plus-qu’humains ont à dire.

 

 

________________
Les artistes programmé.e.s au fil de la saison #8 – Nos maisons apparentées 

Cycle 1
Octobre
 : Marco Godinho, Un vent permanent à l’intérieur de nous, Tous les espaces

Cycle 2
Février
 : Diplômé.e.s et post-diplômé.e.s 2023 de l’École supérieure d’art et de design d’Orléans, Galerie Haute.
Un co-commissairat de Sophie Fétro, designer et théoricienne de design, maître de conférence en esthétique et sciences de l’art. 
Benjamin Mouly, Toucher de bouche, Verrière et Petite Galerie.
Mars : Romain Kronenberg, Seconde personne, un commissariat de Meris Angioletti, Grande Halle – Clément Bagot, Multimondes Multiples, Galerie Haute.

Cycle 3
Juin
: Lydie Jean-Dit-Pannel, A Long Way, Galerie Haute, Verrière et Petite Galerie – Richard Long, de pierres, Grande Halle. Un commissariat de Bénédicte Ramade.
Jade Jouvin, Nicolas Laura Graff, Héloïse Roueau et User Unknown (jeunes diplomé.e.s de l’École nationale supérieure d’art de Dijon), Sans Armure, Petite Galerie. Une proposition de Lydie Jean-Dit-Pannel.