éclat
Du 25 juin au 20 novembre 2022Vernissage le samedi 25 juin, à partir de 14h30
Vidéo de l’exposition Éclat en Grande Halle du 25 juin au 20 novembre 2022
Réalisation et montage : Thomas James
© Les Tanneries – Centre d’art contemporain, Amilly, 2021-2022
Courtesy de l’artiste
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Abraham Cruzvillegas
Vue de l’exposition éclat
Grande Halle
Les Tanneries – CAC, Amilly, 2022
Photo : Aurélien Mole
Courtesy de l’artiste
Abraham Cruzvillegas
Vue de l’exposition éclat
Grande Halle
Les Tanneries – CAC, Amilly, 2022
Photo : Aurélien Mole
Courtesy de l’artiste
Abraham Cruzvillegas
Vue de l’exposition éclat
Grande Halle
Les Tanneries – CAC, Amilly, 2022
Photo : Aurélien Mole
Courtesy de l’artiste
Abraham Cruzvillegas
Vue de l’exposition éclat
Grande Halle
Les Tanneries – CAC, Amilly, 2022
Photo : Aurélien Mole
Courtesy de l’artiste
Abraham Cruzvillegas
Vue de l’exposition éclat
Grande Halle
Les Tanneries – CAC, Amilly, 2022
Photo : Aurélien Mole
Courtesy de l’artiste
Abraham Cruzvillegas
Vue de l’exposition éclat
Grande Halle
Les Tanneries – CAC, Amilly, 2022
Photo : Aurélien Mole
Courtesy de l’artiste
Abraham Cruzvillegas
Vue de l’exposition éclat
Grande Halle
Photo : Les Tanneries – CAC, Amilly, 2022
Courtesy de l’artiste
Abraham Cruzvillegas
Vue de l’exposition éclat
Grande Halle
Photo : Les Tanneries – CAC, Amilly, 2022
Courtesy de l’artiste
Abraham Cruzvillegas
Vue de l’exposition éclat
Grande Halle
Les Tanneries – CAC, Amilly, 2022
Photo : Aurélien Mole
Courtesy de l’artiste
Pour son exposition aux Tanneries intitulée éclat, l’artiste Abraham Cruzvillegas (né en 1968 à Mexico City où il vit et travaille) investit la Grande Halle d’une foisonnante installation in situ végétale et florale, expérimentale et collaborative, qui fait résonner à plusieurs titres l’histoire des lieux. Viendra peut-être dialoguer avec elle une série inédite de nouvelles créations à l’issue d’une micro-résidence effectuée sur le territoire amillois quelques semaines avant l’exposition. À travers cet ensemble nourri de possibles, l’artiste poursuit tout en les renouvelant ses recherches sur les liens poétiques et politiques qui se tissent conjointement dans le développement de nos relations au monde qui nous entoure — aux objets, aux personnes, à la nature, à la société — et de nos identités, entre passé, présent et futur, héritages, évolutions et migrations, adaptations, transformations et prises de conscience.
Ses recherches, Abraham Cruzvillegas les développe le plus souvent à travers une dimension collaborative qui se retrouve ici autant dans le concept que dans la conception et l’exploitation de l’immense jardin intérieur que constitue l’œuvre éclat (2022). Composée de jardinières en bois dessinées en étoile, de terre récoltée dans tout le bassin montargois, d’ipomées grimpantes et d’un système d’arrosage sous forme de brumisation aérienne, la réalisation de cette dernière doit beaucoup à l’implication de forces vives et de compétences inscrites dans le territoire local et repose sur une économie de moyens qui offre une place essentielle à l’utilisation des ressources environnantes, entre recyclage des matériaux et approvisionnement en circuits courts.
Utiliser de la terre issue du territoire local comme matière première d’une œuvre vouée à faire écosystème est un geste dont la simplicité n’a d’égale que la complexité des processus qu’il tend à dévoiler. Il est une manière pour l’artiste d’interroger à la fois directement et indirectement, littéralement et métaphoriquement, ce qui fait l’histoire et la géographie du territoire dans lequel s’inscrit l’exposition, d’interroger ce qui fait l’identité de ce dernier. En faisant le pari de révéler ce que contient cette terre en l’exposant sur deux mois dans un espace semi-ouvert sur l’extérieur, Abraham Cruzvillegas fait aussi celui d’en faire potentiellement germer et émerger la diversité façonnée dans la course du temps par des évolutions biologiques et des flux migratoires variés.
L’artiste vient lui-même enrichir ce pari en y apportant un peu de son identité personnelle en choisissant de faire fleurir en Grande Halle des ipomées appartenant à l’espèce Morning Glory. Originaires d’Amérique du Nord et du Sud et très répandues au Sud du Mexique où elles servent aux chamans à des fins divinatoires, lors de rituels religieux ou thérapeutiques, elles sont considérées en Europe comme néophytes [1]. En les introduisant en Grande Halle, Abraham Cruzvillegas fait écho au fait que l’arrivée de cette espèce en Europe traduit d’une histoire naturelle comme culturelle qui recoupe celle des transhumances et autres phénomènes migratoires qui ont eu cours au fil des temps, allant jusqu’à soulever des sujets plus actuels, de la pensée postcoloniale jusqu’au pluralisme. Le fait que les Morning Glory produisent des fleurs de couleurs variées dont les teintes magenta, rouges, blanches, bleues ou roses peuvent également évoluer en fonction de la luminosité constitue en effet pour l’artiste une évocation à la fois subtile et forte de la pluralité du vivant comme du pluralisme que nos sociétés doivent encore (re)construire.
Au-delà de ces formes de collaborations et de migrations qui préexistent à cette œuvre aux multiples éclats, d’autres, plus ou moins perceptibles, viendront sans doute contribuer au projet tout au long de son exposition puisque des formes de vie, au travail comme en mouvement, micro et macroscopiques, viendront habiter cet été éclat, qu’il s’agisse d’insectes, de végétaux, de fleurs appartenant à d’autres espèces ou encore de visiteurs. Le jardin intérieur ainsi pensé par Abraham Cruzvillegas se fait donc, petit à petit, au contact des populations, de l’environnement et de l’histoire locale, l’expression vivace d’individualités partagées, entre intériorités et extériorités. À la faveur d’une culture et d’une esthétique de la récupération, de l’assemblage, de la transformation, de l’adaptation, de l’ingéniosité et du possible, l’artiste génère avec poésie et parcimonie, un véritable écosystème local multiscalaire et pluriel qui repose sur un certain sens de l’aventure et qui porte une réflexion critique sensible sur la manière dont notre monde, notre rapport à lui et nos identités se construisent.
Tout en laissant constamment entrevoir, dans les interstices de son installation, les cuves vides qui contiennent la mémoire de l’activité passée des Tanneries, dans ses ambivalences mêmes, Abraham Cruzvillegas semble vouloir tisser, à l’image des ipomées grimpantes qui se lacent et s’entrelacent au fil de leur ascension comme de leur devenir, une nouvelle histoire du lieu en tant qu’espace de production, entre vision contemplative, rétrospective et prospective. Faisant à nouveau circuler de l’eau dans la Grande Halle des Tanneries, mais cette fois-ci en aérien et pour y produire du vivant, il tente, l’espace-temps d’une exposition, d’y enraciner un possible, contemporain, ouvert et peut-être plus vertueux. Se refusant cependant à tout manichéisme, l’artiste met en avant les processus cycliques qui animent le monde, telle la floraison des ipomées réglée sur la course du soleil, entre ombre et lumière, recroquevillements et épanouissements.
Communiqué de presse de l’exposition
[1] On entend par néophyte, une plante non-indigène dont l’arrivée sur le territoire considéré est postérieure à 1500 ans après J.-C. Les néophytes sont à distinguer des archéophytes, plantes non-indigènes dont l’arrivée sur le territoire est antérieure à 1500 ans après J.-C.
REMERCIEMENTS :
L’exposition éclat d’Abraham Cruzvillegas a été réalisée avec la précieuse collaboration des élèves de CAP Métiers de l’agriculture et de CAP Menuiserie – Installation de l’E.R.E.A. Simone Veil d’Amilly et des Services Techniques de la Ville d’Amilly.