POLY-MER
3 mars au 15 avril 2018Poly-mer
Grande Halle, Mars 2018
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Grande Halle, Mars 2018
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Grande Halle, Mars 2018
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Grande Halle, Mars 2018
Mécanique des flux continus, bâtiment de Claude Parent, Cité internationale universitaire de Paris, 2009
Perspective de fuite à l’anglaise, Parc du Thabor, Rennes, 2017
L’approche sculpturale in situ de Laurence De Leersnyder émerge de l’appréciation physique et spatiale préalable d’une architecture ou d’un paysage, mais également de leur histoire. Elle procède souvent d’une recherche de matières basée sur le prélèvement, la trace, la moulure, l’empreinte.
Son invitation à investir la Grande halle se fait dans le sillage d’une réflexion curatoriale portant sur le geste se déployant dans l’espace, pour dessiner d’autres tracés. Cette thématique était déjà présente dans l’installation d’Eva Borner, Dingzihù, présentée dans ce même espace entre le 13 janvier et le 25 février 2018.
La présence de Laurence De Leersnyder dans la Grande halle préfigure également sa participation à l’exposition Formes d’histoires. Elle en introduit aussi la thématique, celle de la peau, de la mue et de la transformation, abordée en lien avec le conte de Peau d’âne et l’histoire des Tanneries. Depuis plusieurs années, Laurence De Leersnyder réalise elle-même des sculptures épidermiques, où l’essentiel se joue en surface. Elle fabrique des pellicules inframinces, films à la fois fragiles et résistants, qui (ré)agissent en tant que zone de contact située entre un dedans et un dehors. Ces œuvres se nourrissent des caractéristiques inhérentes à l’environnement, par capillarité réelle ou de façon métaphorique. Ce fut par exemple le cas de son installation Perspective de fuite à l’anglaise, réalisée en 2017 dans le parc du Thabor, à Rennes, ou en 2009 avec Mécanique des flux continus, des modules placés dans l’interstice d’une architecture de Claude Parent, de la Cité internationale universitaire de Paris, pour établir un dialogue entre la structure en béton et la nature environnante.
Pour son intervention dans la Grande halle, elle poursuit l’exploration de cette typologie de « modules ondulatoires ». S’adossant au volume longitudinal des Tanneries, à sa hauteur, à l’espacement entre les colonnes de béton qui en scandent la profondeur, elle en fait des mesures étalon pour déterminer l’amplitude de la disposition de ses modules. Laurence De Leersnyder souhaite ainsi matérialiser un mouvement dynamique se dessinant depuis le sol, juste au-dessus des anciennes cuves, puis s’élevant progressivement, comme par élan, pour créer une impression d’aspiration vers le fond de la halle. Courant d’air, courant d’eau, pellicules à la fois souples et tendues, figées dans un mouvement qui les imprime et leur donne forme… Par allusions successives et glissements analogiques, les modules ondulatoires ainsi déployés par l’artiste entre le sol et le plafond semblent invoquer les flux qui animaient autrefois la vaste halle de production des peaux et la proximité de l’eau, élément nécessaire à leur traitement chimique et leur transformation.