LABOR […]

En 2018, Les Tanneries inaugurent avec l’Ecole Nationale Supérieure d’Arts de Bourges une collaboration artistique unique. Par le biais du CEPIA (Centre d’études au partenariat et à l’intervention artistique), L’Ecole forme des artistes professionnels au partage de leur pratique avec des milieux spécifiques, structures associatives, éducatives, socio-culturelles… Le centre d’art est doublement attentif à l’accompagnement du parcours des artistes et à la diversification de ses actions en direction de tous les publics. Dans une collaboration étroite entre l’Ecole, les artistes, et les établissements associés, il développe et propose cette année trois projets de résidences d’artistes issus du CEPIA dans trois structures du territoire montargois.

Chaque projet est unique. L’exposition LABOR […] s’envisage comme l’expression d’un travail en cours, manifestant entre les murs du centre d’art la présence d’artistes sur le territoire. Marion Arnoux, Eunsoo et David Magnou ont chacun des univers artistiques singuliers. Tous sont marqués par l’importance des contextes dans lesquels peuvent se développer les formes. Tous sont également sensibles aux pratiques collaboratives, au sein de champs d’expression explorant l’écriture et la scénographie, le geste et la sensibilité du corps dans l’espace, l’élaboration d’espaces et de formes partagés.

Dans le cadre de sa résidence avec l’Association Imanis d’Amilly, une résidence sociale pour le logement durable, Marion Arnoux expose une œuvre multimédia où le texte, la performance vidéo et un ensemble de documents convoquant la cartographie, la dérive poétique d’esprit Oulipo, le signe et la typographie décrivent en pointillé une exploration de la ville. Le plateau document sur lequel ces contenus s’exposent forme, d’après l’artiste, « une boîte à outils » à partir de laquelle s’offrent les conditions d’un dialogue avec les visiteurs.

En parallèle de sa résidence menée avec l’EHPAD Notre Foyer de Montargis, Eunsoo expose un ensemble d’œuvres  photographiques, de sculptures et de vidéos. Présentées par l’artiste comme des « marqueurs d’expérience », elles traduisent des ressentis liés au temps qui passe, ou ne passe pas, aux notion de répétition et d’absurdité. Les expériences esthétiques qu’elle partage collectivement visent à favoriser « une écoute de nos réalités », une appréciation augmentée de l’environnement et du contexte où les rencontres entre les visiteurs et l’œuvre se produisent.

En résidence au sein de la Maison des Jeunes d’Amilly, David Magnou expose un ensemble de dessins à la mine de plomb et des sculptures en bois aux références foisonnantes, tout aussi bien issues de l’histoire de l’art que des sciences sociales ou de l’archéologie. « Lorsque je dessine, explique-t-il, tout cela fusionne comme un cadavre exquis ». L’ensemble montré aux Tanneries évoque un univers post-romantique lié « à la sublimation de la ruine, du déchet, des pollutions »,
à « un regard sur l’anthropocène ». Ce terme scientifique définit une nouvelle ère géologique de notre planète où les actions de l’homme laissent une empreinte irréversible dans les couches géologiques (période démarrant dans les années 1950, avec la dégradation progressive des sols liée aux dépôts radioactifs, aux déchets industriels et rejets massifs de gaz à effet de serre).