UN COMMISSARIAT DE LÉA BISMUTH
ARTISTES : Juliette Agnel, Charlotte Charbonnel, Guy Debord, Rebecca Digne, Louise Hervé et Chloé Maillet, Marie-Luce Nadal, Mel O'Callaghan, Edouard Wolton, Jérôme Zonder.L’ÉTERNITÉ PAR LES ASTRES
22 avril – 27 août 2017Vernissage samedi 22 avril
Rebecca Digne
Épure, 2015
Courtesy l’artiste et Galerie Escougnou-Cetraro, Paris
Crédit photo Aurélien Mole
Charlotte Charbonnel
Astérisme, 2014-2017
Crédit photo Aurélien Mole
Édouard Wolton
Vecteur, 2017
Courtesy l’artiste et Galerie Les Filles du Calvaire, Paris
Crédit photo Aurélien Mole
De gauche à droite
Guy Debord, In girum imus nocte et consumir igni, 1978
Juliette Agnel, Les Nocturnes, 2017, courtesy Galerie Françoise Paviot
Crédit photo Aurélien Mole
De gauche à droite
Léa Bismuth, Marie-Luce Nadal, Édouard Wolton, Jérôme Zonder
Crédit photo Aurélien Mole
Louise Hervé et Chloé Maillet
Spectacles sans objet, 2016
Courtesy Galerie Marcelle Alix Crédit photo Aurélien Mole
De gauche à droite
Jérôme Zonder, Juliette Agnel, Rebecca Digne, Jérôme Zonder
Courtesy Eva Hober pour Jérôme Zonder Crédit photo Aurélien Mole
De gauche à droite
Édouard Wolton Mel O’Callaghan, Jérôme Zonder
Courtesy Galerie Allen pour Mel O’Callaghan Crédit photo Aurélien Mole
Édouard Wolton
Vitrine n°3, 2017 Courtesy Galerie Les Filles du Calvaire Crédit photo Aurélien Mole
Première commissaire invitée dans le cadre du projet de plateforme de création porté par les Tanneries, Léa Bismuth présente les oeuvres de 10 artistes nés entre 1973 et 1986 et celle de Guy Debord (1931-1994). Sensible à la proximité du ciel visible de la verrière du centre d’art, elle concrétise un projet d’exposition intitulé L’Éternité par les astres, librement adapté de la pensée d’Auguste Blanqui (1805-1881). L’architecture contrastée de l’étage lui inspire également un principe scénographique scandé par le jour et la nuit, la lumière et l’obscurité se distribuant de façon toute différente dans la verrière et la Galerie haute.
Le titre de l’exposition est emprunté à l’ouvrage d’astronomie que ce théoricien de la Commune de Paris écrivit en prison, un lieu qu’il connaît bien pour, de détention en détention, y avoir passé plus de trente années de sa vie. Le ciel étoilé qu’il peut entrevoir de sa lucarne lui inspire une méditation sur le caractère mécanique des lois qui régissent l’univers et nos destinées humaines, mais également sur leur combinaison infinie. Dans cet écrit, ce révolté par les injustices sociales qui divisent la société française du 19e siècle partage l’intime conviction qu’il devient nécessaire de raccorder « le monde tel qu’il est et le monde tel qu’il pourrait être appelé à devenir »(1). L’âpreté du combat social ne doit pas faire oublier l’utopie d’un bien commun inaliénable.
Ce manifeste conduit à son tour Léa Bismuth à sonder les utopies qui travaillent une création artistique en quête de déploiement d’un sens. Les artistes qu’elle invite s’émancipent à leur façon d’une vision fataliste et généraliste du monde en lui opposant des lectures singulières, fines et intensives, attentives et ouvertes. En privilégiant les médias de capture et de restitution du réel que sont la photographie et l’enregistrement sonore ou vidéo, Léa Bismuth sollicite des artistes qui sondent, fouillent et révèlent la matière du monde. Leur démarche est motivée par un affranchissement des perceptions imposées, un désir de partage des expériences et des savoirs. À l’image de l’écrit de Blanqui, leur oeuvre peut être interprétée comme « une réponse physique, une aspiration à autre chose, à d’autres possibles »(2).
La construction de ce projet se déploie sur un principe d’écriture collective entre Léa Bismuth et les artistes qu’elle convie (ces derniers produisant des oeuvres pour l’occasion, avec l’appui du centre d’art). Cette exposition participe également d’une réflexion que porte le centre d’art sur les multiples possibilités de mises en récits de la création contemporaine. À travers un principe d’invitations et de résidences, de rencontres et de conversations avec les publics, le souhait d’en encourager l’émergence innerve tout son propos.
Placée sous le signe de l’utopie, et sur la nécessité de reconsidérer la construction d’un sens commun porté par de multiples voix, L’Éternité par les astres incarne singulièrement le projet artistique des Tanneries. Elle apparaît comme un appel à évaluer le pouvoir de transformation de nos actes, de nos choix, de la capacité de chacun d’entre nous à s’émanciper, à rendre des situations possibles.
(1) Philippe Hurteau, « Auguste Blanqui : morale et inachèvement ».
(2) Léa Bismuth, note d’intention de l’exposition.