FORMES D’HISTOIRES
28 avril au 2 septembre 2018Formes d’histoires
de gauche à droite : Erik Dietman, Audrey Frugier (au fond), Erik Dietman
crédit photo Aurélien Mole
Formes d’histoires
de gauche à droite : Marion Baruch, Erik Dietman, Monika Brugger
Formes d’histoires
de gauche à droite : Lucie Picandet, Erik Dietman, Monika Brugger
crédit photo Aurélien Mole
Formes d’histoires
de gauche à droite : Monika Brugger,
Marion Baruch, Florence Chevallier, Amandine Guruceaga, Ghyslain Bertholon, Adélaïde Feriot, Marion Baruch
crédit photo Aurélien Mole
Formes d’histoires
de gauche à droite : Lucie Picandet, Céline Cléron, Fabien Mérelle, Lucie Picandet,
Gaëlle Chotard, Erik Dietman
crédit photo Aurélien Mole
Formes d’histoires
de gauche à droite : Gérard Gasiorowski, Fabien Mérelle, Audrey Frugier, Geoffrey Cottenceau, Amandine Guruceaga,
Jean-François Lacalmontie
crédit photo Aurélien Mole
Formes d’histoires
de gauche à droite : Amandine Guruceaga, Julien Salaud, Audrey Frugier, Geoffrey Cottenceau, Céline Cléron, Edi Dubien
crédit photo Aurélien Mole
Formes d’histoires
Anne Ferrer
crédit photo Aurélien Mole
Formes d’histoires
Marie-Ange Guilleminot
crédit photo Aurélien Mole
Formes d’histoires
Ante Timmermans, Gaëlle Chotard
crédit photo Aurélien Mole
Si l’exposition inaugurale Histoire des formes privilégiait l’approche formaliste et silencieuse de l’oeuvre d’art, Formes d’histoires est à découvrir comme un retournement qui place le récit au coeur de l’oeuvre, vers la forme d’histoire qu’elle contient dans ses coutures, ses replis, ses accidents de matière.
Figure tutélaire de cette exposition, Erik Dietman parlait ainsi de « panser les choses », comme pour les préserver d’une lecture trop directe et autoritaire, les libérer d’un réel réducteur pour leur imaginer une nouvelle renaissance, une inscription dans le merveilleux et le féérique, le mystérieux et le grotesque, la poésie et le secret.
L’oeuvre devient un corps mouvant, façonnée de l’intérieur par de multiples formes d’histoires qui sont aussi les nôtres.
En déjouant la question du goût, les étiquettes réductrices du laid et du beau, les « formes dansées » de Javier Pérez rejoignent ces glissements dietmaniens. Elles introduisent aux registres interprétatifs de la métamorphose et de la transformation, qui depuis les célèbres Métamorphoses d’Ovide font du travail de la langue, de l’imaginaire et des mythes un outil de compréhension du réel.
Chez Marion Baruch, Marie-Ange Guilleminot et Vanessa Schindler, le corps est abordé par le prisme d’un vêtement officiant comme une nouvelle peau. Ainsi, la forme se pare d’une « allure », c’est à dire de cette façon d’apparaître, de se montrer, indissociable de celle de se mouvoir, insaisissable, dans l’éventail du sens et de son activation.
La forme d’histoire dont ces objets sont « parés », travaillés, agités, façonnés s’assimile parfois à une charge (Céline Cléron, La mort du petit cheval). Ce poids de l’histoire se porte aussi parfois à dos d’homme (Fabien Mérelle), il apparaît comme un aveu de notre part d’animalité. Et lorsque cette histoire ne trouve plus où s’exprimer, elle vibre à fleur de peau (Marion Verboom) et se boursouffle dans la beauté obscène de ses intérieurs, comme libérée dans sa chair même (Anne Ferrer, Les carcasses). Chez Cathryn Boch, la surface épidermique se lamine et s’abrase, nourrie par des sucs qui émoussent la fibre et la libère. De cette charge, le récit s’empare également en faisant migrer le sujet vers des identités d’emprunt. Dans Le révolutionnaire Blagoy Füssad Moz, Erik Dietman assemble sur un banc d’école – là où l’esprit encore malléable s’éduque et se dompte, s’échappe et vagabonde par ennui – les figures de Blake, Goya, Fusslï, Sade et Mozart. Ailleurs, le corps s’étale comme une dépouille, il se fait toile et la toile se fait corps (Amandine Guruceaga, Jean-François Lacalmontie).
L’exposition pourrait ainsi se lire comme un tableau de chasse, dans le sens métaphorique que lui donnait Jean Renoir avec La Règle du jeu ; la poursuite et la quête de ce qui apparaît subrepticement de réel dans un monde en représentation constante. Lieu de transformation de la matière vivante, les tanneries s’explorent également symboliquement sous l’angle de cette réécriture sensible de l’existant.