RITUAL REALITY
du 7 juillet au 2 septembre 2018Ritual Reality, 2018, vue de l’exposition
crédit photo Aurélien Mole
Ritual Reality, 2018, vue de l’exposition
crédit photo Aurélien Mole
Ritual Reality, 2018, vue de l’exposition
crédit photo Aurélien Mole
Ritual Reality, 2018
vue de l’exposition, crédit photo Aurélien Mole
Ritual Reality, 2018
vue de l’exposition, crédit photo Aurélien Mole
Ritual Reality, 2018
vue de l’exposition, crédit photo Aurélien Mole
Le temps de la résidence a débuté le 16 mai dernier aux Tanneries. Dans la démesure et la résonance de la Grande halle, Elise Eeraerts, artiste belge, poursuit un travail de recherche qui la mène de par le monde, pour mieux se nourrir des lieux et des paysages qui l’accueillent, pour s’inscrire dans leurs temporalités singulières et pour y prolonger – éprouver pourrait-on dire – son geste artistique.
Ce geste est travaillé, modelé par chacune des expériences déployées, et il fait ainsi figure de continuité. Il est une forme d’état de permanence, que portent en elles ses sculptures, par leurs lignes épurées, dans un jeu d’apparence archétypale, hors d’âge, appartenant à un imaginaire commun et universel.
L’artiste convoque l’idée de « recursive volume » pour évoquer ce continuum et donner titre à un des ensembles qui sera présenté dans la Grande halle. Dans un emboîtement de formes cuites, si les formes se réitèrent, elles se répètent sans se redire. L’artiste joue ici du processus de construction à celui de l’édification et de la production sérielle. Cette récursivité renvoie à ces états de permanence que l’on trouve tout autant dans l’approche des langages, en linguistique et en biologie, dans l’univers des formes produites, se répétant et se répartissant au gré du biomorphisme.
Aux Tanneries, Elise Eeraerts a initié une nouvelle fabrication de modules en terre à partir des cuves de tannage, y trouvant un écho à ses récentes recherches sculpturales de formes en négatif, c’est-à-dire essentiellement déterminées par leurs contours. En plongeant ses modules de céramique dans les cuves, elle innove ici, pour la première fois, une sculpture sans bords ; qui se confond avec son environnement et dont seul l’espace en creux est perceptible, formant un immense cratère.
De ces modules imposants par leur volume, nous ne percevons donc plus qu’une seule dimension. Les seuils de visibilité de l’objet, notre façon de lui assigner une signification ou une fonction, sont toujours questionnés par Elise Eeraerts. À travers cette technique lente de cuisson et de modelage, elle interroge également ce qu’il reste de pratiques ancestrales, primitives ou vernaculaires et de leurs économies de production. Nécessairement intuitif et empirique, ce type de fabrication, quasiment disparu aujourd’hui, devient la marque d’une épistémé débordée par l’émergence d’autres mondes où le geste se redéfini, encore, avant d’être remis au travail.
Telle une colonne sans fin, figure porteuse par excellence de cette continuité des formes et du geste travaillé.
Une continuité qui trouve – à son échelle – un écho fort dans le principe d’un temps de résidence cumulé, d’abord initié à l’Atelier Calder, à Saché, puis, dans les ajouts des gestes prolongés, aux Tanneries.
La collaboration de ces deux lieux de création, qui s’est établie aux confins d’une économie de production travaillée de l’un à l’autre et dans le temps composite d’un geste artistique, en a réellement accompagné le déploiement. L’invitation d’Elise Eerearts aux Tanneries poursuit un programme d’expositions orienté sur la notion de geste et de « faire artistique », qui trouvera de nouveaux prolongements dans le cadre de la saison 3, avec le cycle d’expositions intitulé « Scripts, scraps and tracks », en octobre 2018.