La Capitale, Tomes I
et II, vol. II
du 10 octobre au 13 décembre 2020
Vernissage le samedi 10 octobre 2020, à 15h30
Vidéo de l’exposition La Capitale, Tomes I et II, vol. II de Camille Besson, Raphaël Rossi, Maxime Testu, Victor Vaysse
Réalisation et montage : Thomas James / Musique : Time for Wind, Pyrit, UFO, 2015 © Bookmaker Records
Courtesy des artistes
© Les Tanneries – CAC, Amilly
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Camille Besson, Raphaël Rossi, Maxime Testu, Victor Vaysse
La Capitale, Tomes I et II,
vol. II
Vue de l’exposition
Photo : Aurélien Mole
Courtesy des artistes et
des Tanneries – CAC, Amilly
Camille Besson, Raphaël Rossi, Maxime Testu, Victor Vaysse
La Capitale, Tomes I et II,
vol. II
Vue de l’exposition
Photo : Aurélien Mole
Courtesy des artistes et
des Tanneries – CAC, Amilly
Camille Besson, Raphaël Rossi, Maxime Testu, Victor Vaysse
La Capitale, Tomes I et II,
vol. II
Vue de l’exposition
Photo : Aurélien Mole
Courtesy des artistes et
des Tanneries – CAC, Amilly
Camille Besson, Raphaël Rossi, Maxime Testu, Victor Vaysse
La Capitale, Tomes I et II,
vol. II
Vue de l’exposition
Photo : Aurélien Mole
Courtesy des artistes et
des Tanneries – CAC, Amilly
Camille Besson, Raphaël Rossi, Maxime Testu, Victor Vaysse
La Capitale, Tomes I et II,
vol. II
Vue de l’exposition
Photo : Aurélien Mole
Courtesy des artistes et
des Tanneries – CAC, Amilly
Camille Besson, Raphaël Rossi, Maxime Testu, Victor Vaysse
La Capitale, Tomes I et II,
vol. II
Vue de l’exposition
Photo : Aurélien Mole
Courtesy des artistes et
des Tanneries – CAC, Amilly
Pour leur second temps de présence aux Tanneries, Camille Besson, Raphaël Rossi, Maxime Testu et Victor Vaysse réinvestissent la Petite Galerie, entre flash-back et flash-forward. Dans la continuité de La Capitale, Tomes I et II, vol. I (janvier 2020), les quatre artistes approfondissent dans ce second volume leur capacité à composer un ensemble à partir de fragments hétérogènes qui relèvent de leurs démarches et pratiques respectives, à la faveur d’un dispositif au sein duquel la mise en espace répond à une forme de mise à plat et de mise en page, la revue collaborative comme modèle. L’ensemble d’œuvres inédites présenté s’inscrit donc à la fois dans une continuité avec celui constitué au sein du premier volet, mais aussi en rupture, entre renouvellements et innovations, détournements et retournements de situations.
Camille Besson (né en 1990 à Nîmes) expose un ensemble de tableaux, dessins et maquettes au sein duquel on retrouve ses matériaux – aluminium, peinture, plexiglas – et motifs de prédilection – bandes et stries de couleur, silhouettes découpées en flèches signalétiques ou en chemises d’artistes, typographies reproduites ou déformées. Nourrissant ses compositions de références à l’Histoire de l’art qu’il extrait, étudie et intègre dans son propre contexte de création, Camille Besson questionne frontalement les phénomènes de reproduction, de réappropriation et de réinterprétation qui fondent intrinsèquement les pratiques et histoires des artistes, portant ainsi une réflexion sur la genèse des œuvres et les principes de filiation qui la sous-tendent. Réfutant d’emblée le fantasme d’une création ex-nihilo, l’artiste assume et affiche ici pleinement ses inspirations, des abstractions du réel de Raymond Hains (1926-2005) aux variations graphiques proches de l’Op art développées par Michael Scott (1958). Il parvient ainsi à générer des formes singulières de reformulations, entre mises en abîme et à distance et prises de recul, expérimentations graphiques et travail sur le motif et ses altérations.
On retrouve l’intérêt pour l’Histoire de l’art et celle des artistes chez Maxime Testu (né en 1990 à Rouen) dont les motifs et sujets s’inscrivent pleinement dans le champ de la représentation de l’artiste. Il dévoile dans La Capitale, Tomes I et II, vol. II une nouvelle série de « Schnorrer » dans laquelle il remet en scène ses figures squelettiques de l’artiste contemporain évoluant dans son cadre de travail quotidien, cette fois-ci à l’aune de l’épisode du confinement dont elle se fait la chronique douce-amère, entre ironie mordante et tons chauds acidulés, intérieurs d’appartement et fenêtres ouvertes sur balcons en fer forgé. Si ces scénettes gravées, grotesques et satiriques, rappellent celles exposées dans le premier volet, Maxime Testu les e(a)ncre ici dans une expérience encore plus personnelle, laissant place à une forme d’autofiction singulière au sein de laquelle il expérimente par ailleurs l’irruption de la couleur au travers de grands aplats. La ligne du dessin, elle, y demeure réduite à sa plus fine expression. L’artiste renforce ainsi le côté cartoonesque de ses illustrations situées aux confins du dessin de presse, de la bande dessinée et du Pop art, évoquant à certains endroits la série très controversée de peintures figuratives que Philip Guston (1913-1980) – figure de l’expressionnisme abstrait – réalise en 1970. Demeurant empreintées de la veine macabre qui innerve son univers, ces productions font donc preuve de nouvelles expérimentations graphiques dans le travail de Maxime Testu, véritables traits d’union entre la gravure et la peinture à la pratique de laquelle l’artiste s’intéresse de plus en plus. Entre symbolisme baroque et graphisme minimaliste, filiations et détournements, Maxime Testu semble sans cesse osciller entre classicisme discret et contemporanéité exacerbée, cohérences artistiques et fulgurances libertaires.
Victor Vaysse (né en 1989 à Paris), quant à lui, poursuit ses expérimentations autour de la production et de la reproduction d’images à l’aide d’imprimantes domestiques bricolées. Il en présente les derniers résultats sur de plus grands formats, un changement d’échelle réalisé à la faveur d’améliorations récentes apportées à son imprimante prototype, véritable « outil-machine » qui s’inscrit dans un projet de recherche au long cours initié à l’hiver 2019 et intitulé De Picturama. Les œuvres ainsi produites rendent encore plus visibles les traces de la machine, considérée comme un objet à part entière et plus seulement comme un instrument. Le protocole de production d’image l’intéressant finalement davantage que l’image produite, Victor Vaysse va jusqu’à puiser dans les photographies de camions – qu’il réalise, reproduit, décompose et recompose à la faveur d’une esthétique fragmentaire – des allégories de fonctionnement en flux ou en réseau qui évoquent également ceux de l’imprimante numérique. Toujours dans ce souci de souligner les dimensions (méta)poétiques du processus de production de ses œuvres, il choisit d’en donner à voir les rebuts, présentant les buvards utilisés lors des étapes intermédiaires de la création. En les encadrant de la même manière que les images finales, l’artiste semble leur conférer le même statut bien qu’il concède la coprésence de deux niveaux de lecture. À la faveur de cette double monstration, Victor Vaysse introduit au sein de sa démarche une dimension dialectique qui questionne l’importance des points de vue de l’artiste comme du regardeur sur ce qui fait œuvre.
Hétéroclites, les créations exposées aux murs – et dont l’apparente bidimensionnalité ne semble être qu’un leurre – sont mises en relation à la manière d’un chemin de fer éditorial ou encore d’une programmation de films en salle. Rien d’étonnant, alors, qu’il revienne à Raphaël Rossi (né 1988 à Dijon)– dont le travail s’oriente autour des systèmes et dispositifs de diffusion et de réception cinématographiques – de les organiser, les relier ou encore les séparer, structurant par-là même l’espace. En regardeur avisé, l’artiste propose pour ce faire deux installations in situ. La première, constituée de plusieurs monochromes noirs montés sur châssis, forme une ligne d’horizon. Extraction simplifiée d’un élément caractéristique de la façade du MK2 Beaubourg à Paris dépouillée de son image de marque, elle charrie néanmoins avec elle, au sein même de l’espace d’exposition, les souvenirs rattachés à sa nature d’origine, entre histoires personnelles et inconscient collectif. Véritable ligne de fuite, son étirement encourage autant qu’il suit les déplacements du visiteur, dessinant alors une trajectoire dans laquelle viennent s’inscrire l’ensemble des œuvres présentées. Dispositif aérien, ce fil noir de l’exposition dialogue avec une autre bande noire, plus terre-à-terre. Tapis d’égout jonchant le sol et contaminant les murs, il vient finir de délimiter – tout en semblant le prolonger – le cadre de l’exposition, déployant une pensée en mouvement, véritable promenade visuelle dans quatre univers présentés en multi-screen.
À travers le développement de systèmes d’écho formels et autres raccords plastiques ou conceptuels – entre recyclages de références artistiques et art conceptuel graphique –, Camille Besson, Raphaël Rossi, Maxime Testu et Victor Vaysse nourrissent leurs individualités en même temps que leurs similitudes. Laboratoire de formes et d’associations comme de formes d’associations, l’espace-temps de La Capitale, Tomes I et II, vol. II met ainsi en lumière l’intérêt partagé par les quatre artistes pour les coulisses et interstices de la création – de l’atelier à l’espace d’exposition, du mystère des gestes aux lumières de la Ville –, comme il laisse poindre la promesse de projets futurs – ouverts à d’autres collaborateurs – pour continuer à faire de l’atelier une œuvre et de l’œuvre un atelier.
Communiqué de presse de l’exposition